Co-living, location meublée : les nouveaux usages locatifs que les agences immobilières doivent anticiper

Le marché locatif français connaît une profonde mutation. Face aux transformations des modes de vie, à la précarisation de certains parcours résidentiels. Et à l’essor d’une mobilité urbaine et professionnelle de plus en plus marquée, de nouveaux modèles d’habitat émergent. Parmi eux, le co-living et la location meublée s’imposent comme des solutions pertinentes. Tant pour les locataires que pour les investisseurs. Pour les agences immobilières, cette évolution représente un virage stratégique à ne pas manquer. En comprenant les enjeux et les spécificités de ces segments, elles peuvent non seulement répondre aux attentes du marché. Mais également renforcer leur rôle de conseil auprès des propriétaires bailleurs.
Le co-living : un habitat partagé, structuré et rentable
Le co-living va bien au-delà de la simple colocation. Il s’agit d’une formule d’habitat partagé, pensée, organisée et souvent opérée par des sociétés spécialisées. Les locataires — souvent des jeunes actifs ou des étudiants en début de carrière — disposent de chambres individuelles avec salle de bain privative, tout en partageant des espaces communs (salon, cuisine, salle de coworking). Le tout est assorti de services mutualisés : ménage, Internet haut débit, maintenance, voire événements communautaires.
En France, le co-living reste encore une niche, mais son développement s’accélère. D’après l’institut Xerfi, le nombre de places disponibles est passé de 5 000 en 2021 à plus de 10 000 en 2023. Avec des projections ambitieuses : 30 000 unités d’ici 2026. Ce dynamisme s’explique par l’appétence croissante pour des logements flexibles, bien situés, sans engagement de long terme. Le modèle séduit également les investisseurs. Les loyers perçus sont souvent 20 à 25 % supérieurs à ceux d’une colocation classique, grâce à la valeur ajoutée des services inclus.
Pour les agences immobilières, ce segment ouvre de nouvelles perspectives. Elles peuvent se positionner comme intermédiaires entre propriétaires investisseurs et opérateurs de co-living. Jouer un rôle dans la commercialisation des lots, ou proposer une gestion adaptée à forte rotation. Cela suppose une bonne connaissance des normes. Une veille active sur les acteurs du marché, et une capacité à identifier des biens convertibles (immeubles anciens, grandes maisons urbaines, logements vacants à restructurer).
Location meublée : une réponse moderne à la mobilité résidentielle
La location meublée poursuit son essor, dans un contexte où la flexibilité est devenue un critère déterminant. Elle s’adresse à une population variée : étudiants, jeunes actifs en mobilité, salariés en mission temporaire, personnes en transition personnelle ou professionnelle. La législation française distingue plusieurs formes : la location meublée classique, la location saisonnière (soumise à autorisation dans certaines villes), et le bail mobilité, instauré par la loi ELAN en 2018, pour une durée de 1 à 10 mois sans reconduction tacite.
Sur le terrain, la tendance est palpable : près d’un tiers des logements proposés à la location en Île-de-France sont aujourd’hui meublés, selon LocService. Ce choix séduit également les propriétaires pour sa fiscalité avantageuse. Le statut LMNP (Loueur Meublé Non Professionnel) permet en effet de bénéficier d’un abattement de 50 % sur les loyers perçus (régime micro-BIC), voire de déductions plus importantes via le régime réel, incluant l’amortissement du bien.

(infogaphie :Lesiteimmo.com-2025)
Les agences immobilières ont tout intérêt à intégrer cette typologie dans leur offre. Il s’agit non seulement de conseiller les propriétaires sur le régime fiscal le plus adapté, mais aussi de les accompagner dans la mise en conformité du logement : équipements obligatoires, diagnostics techniques, rédaction des baux, gestion des états des lieux plus fréquents. De plus, avec une demande de logements meublés en constante hausse, la réactivité devient un atout concurrentiel majeur. Les agences qui proposent un parcours locatif digitalisé — visite virtuelle, signature électronique, paiement à distance — se démarquent clairement.
Co-living, location meublée, une hybridation des modèles et des usages à anticiper
L’évolution actuelle ne se limite pas à une simple cohabitation de formats. On assiste à une hybridation progressive des modèles locatifs. Portée par des start-up de l’immobilier et des investisseurs institutionnels. Certaines résidences combinent co-living, location meublée, bail mobilité et services hôteliers, dans une logique de flexibilité et d’optimisation. Ces modèles demandent une gestion centralisée, souvent externalisée, mais offrent des taux d’occupation très élevés, et donc une rentabilité renforcée.
Par ailleurs, le comportement des locataires évolue. Une étude menée par SeLoger en 2024 indique que 70 % des candidats à la location meublée réalisent l’intégralité de leur recherche en ligne, y compris la signature du bail. Ce phénomène impose aux agences une montée en compétence numérique et une refonte de leurs pratiques : photographies professionnelles, visites 360°, CRM locatif performant, et même prestations complémentaires (ménage, maintenance, conciergerie).
Les agences qui sauront anticiper ces mutations, en développant une offre spécialisée et structurée, pourront capter une clientèle exigeante et fidéliser des propriétaires séduits par ces modèles plus rentables, mais aussi plus exigeants sur le plan opérationnel.
En conclusion, le marché immobilier locatif est en pleine transformation. Le co-living, tout comme la location meublée, ne doivent plus être considérés comme des marchés marginaux ou réservés à des profils atypiques. Ils répondent à des besoins croissants de mobilité, de flexibilité, et de services intégrés, et s’inscrivent dans des logiques économiques solides.
Pour les agences immobilières, ces évolutions constituent une opportunité de diversification et de repositionnement stratégique. En intégrant ces usages dans leur offre, en formant leurs équipes et en adaptant leurs outils, elles pourront non seulement répondre aux attentes d’un marché en mutation, mais aussi se positionner comme des acteurs innovants et proactifs, capables d’accompagner efficacement propriétaires, investisseurs et locataires dans les nouvelles réalités du logement urbain.